1. Le programme Candyce#

Financement proposé : top-down, 12 M€*.*

Durée : trois ans à l’issue desquels une évaluation sera faite pour engager deux années de plus avec des financements complémentaires à prendre sur les fonds de réserve, AAP et AMI du PEPR

Ce programme s’inscrit dans la volonté de l’État de retrouver sa souveraineté sur les infrastructures logicielles, condition préalable pour la maîtrise à long terme des contenus par les communautés pédagogiques sous gouvernance des établissements publics et de l’État ainsi que la maîtrise de la création de valeur par l’exploitation des données générées, aussi bien au niveau du scolaire que du supérieur. Il s’inscrit plus particulièrement dans la continuité des États Généraux du Numérique Éducatif dont la synthèse propose de: « Favoriser le développement d’un numérique responsable et souverain », dans la proposition n°38, d’« Encourager l’utilisation de logiciels et de ressources éducatives libres » et dans la proposition n°10 «  Favoriser les projets associant chercheurs et enseignants pour une conception collaborative d’outils adaptés aux besoins de la communauté éducative et une analyse de leurs usages ».

Il s’appuie aussi sur les recommandations du rapport Unesco « Rethinking Pedagogy : Exploring the Potential of Digital Technology in Achieving Quality Education » (Mochizuki & Bruillard-2019).

Candyce – CArnets Numériques DYnamiques, interactifs et Collaboratifs pour l’Enseignement – est un projet d’infrastructure numérique souveraine, basée sur le logiciel libre et notamment l’environnement interactif Jupyter, pour l’enseignement des et par les sciences du numérique, à tous les niveaux du primaire au supérieur, dans les disciplines scientifiques et au-delà. Candyce a pour ambition d’offrir un observatoire des usages pour alimenter la recherche en sciences du numérique, sciences de l’éducation et de la formation, sciences humaines et sociales et sciences cognitives.

À ce jour, le programme regroupe un nombre important de partenaires publics associés à la maîtrise d’ouvrage portée par Inria et à la maîtrise d’œuvre portée par l’Université Paris-Saclay :

  • Direction du Numérique pour l’Éducation (DNE) :

  • Académie de Paris,

  • France Université Numérique (FUN)

  • Université de Lorraine, laboratoire Loria

  • École Polytechnique, CentraleSupélec, CNAM, ENSAM (DemoES JENII),

  • Université de Grenoble Alpes (GRICAD), Université de la Polynésie Française, Université de Rennes 1 (DemoES AIR) et Rennes 2 (CREAD, Centre de Recherche sur l’éducation les Apprentissages et la Didactique et GIS M@rsouin),

  • Personaldata.io, Hestia.ai.

Le développent du socle logiciel sera confié à un prestataire privé expert de Jupyter et du logiciel libre.

Enjeux#

Le numérique fait aujourd’hui partie intégrante du quotidien des citoyen.ne.s, et l’interaction avec les technologies numériques est une composante fondamentale de l’expérience d’apprentissage, depuis l’initiation aux sciences jusqu’à la construction du savoir. Les programmes scolaires ont fortement évolué pour en tenir compte : l’informatique est introduite dès le plus jeune âge, et l’enseignement par et au numérique est mobilisé tout au long de la scolarité puis des études.

Cependant, l’outillage des établissements d’enseignement et de recherche reste très hétérogène, voire inexistant, ou dépendant de solutions propriétaires déployées notamment par les géants américains du numérique. Cette situation conduit à une duplication d’efforts, complique les collaborations, quand elle n’induit pas une perte de maîtrise des données.

Dans ce cadre, nous proposons le développement d’une infrastructure logicielle libre, Candyce, pour les enseignantes et enseignants, les élèves, et les étudiantes et étudiants, co-construite, frugale, souveraine et basée sur les logiciels libres et notamment les environnements et carnets interactifs (notebooks) Jupyter initialement conçus dans un cadre scientifique (voir Annexe 1: L’écosystème Jupyter). L’infrastructure Candyce se décline en termes de conditions d’accès, de contenus et de programmes pédagogiques dans des plates-formes opérationnelles dédiées pour le lycée (dont lycées professionnels et lycées français à l’étranger), le collège, voire le primaire et pour l’enseignement supérieur et la recherche. Ce programme top-down vient en soutien d’une tendance de fond bottom-up : il s’appuie sur de nombreuses expériences à petites et moyennes échelles en conditions réelles dans le scolaire et le supérieur, et notamment la pépite Capytale (voir Section III) déjà utilisée par le corps enseignant pour plus de cent soixante mille lycéennes et lycéens, dans toute la France.

L’infrastructure Candyce est un complément indispensable aujourd’hui aux Espaces Numériques de Travail (ENT) ou Learning Management Systems (LMS) existants et déjà déployés dans les établissements. Elle vient s’y intégrer en apportant une réponse à des besoins spécifiques des enseignants et enseignantes et offre de nouvelles expériences d’apprentissage par des interactions plus riches entre narration, interaction, calcul, programmation et collaboration : sur la base d’un simple accès via un navigateur web, Candyce met le numérique scientifique au bout des doigts des équipes pédagogiques et des apprenantes et apprenants, via des environnements dédiés interactifs et collaboratifs.

Candyce se pense également en réponse au besoin de fédération à l’échelle européenne pour proposer des infrastructures libres et souveraines fortes dans le domaine de l’éducation et de la formation tout au long de la vie. Candyce est à envisager dès le lancement comme socle pour une future infrastructure européenne, s’appuyant sur le savoir-faire européen pour le développement logiciel libre, l’hébergement et l’opération d’infrastructure Cloud, et offrant une alternative viable, innovante et souveraine aux services déjà existants des GAFAM et BATX comme « Colaboratory » de Google ou encore « SageMaker » d’Amazon. Elle est indispensable pour conserver la maîtrise de notre capacité formative au moment où les hyperscalaires du numérique tentent de s’accaparer le secteur.

Missions#

La première mission de Candyce est de promouvoir et développer l’utilisation éclairée du numérique scientifique comme objet et comme outil au service de l’enseignement de toutes les disciplines :

  • Permettre la généralisation de pratiques éprouvées sur le terrain pour enseigner et apprendre les sciences du numérique au lycée et dans le supérieur ;

  • Mener des expérimentations pédagogiques autour d’usages innovants du numérique scientifique (simulation, visualisation, exploration de données par exemple à l’aide de cartes interactives, etc.) au service de toutes les disciplines, ainsi qu’au collège et au primaire ;

  • Favoriser le rapprochement entre enseignement et recherche et entre cycles, favorisant notamment la percolation d’usages innovants, par exemple venant des humanités numériques et des sciences humaines et sociales.

La seconde mission de Candyce est d’offrir un observatoire des usages : par son déploiement opérationnel et les activités qu’elle permet de mettre en œuvre, l’infrastructure Candyce permet d’observer, mesurer et analyser, in vivo et à large échelle, les phases d’apprentissage à partir des traces laissées par les apprenants et de participer à la collecte de données pour alimenter le programmes « Données » du PEPR (plateforme des données de l’éducation et du supérieur) pour la recherche en sciences de l’éducation et en environnements informatiques pour l’apprentissage humain.

La finalité de ce programme « Données » est d’accompagner plus efficacement les enseignants et les apprenants — notamment en termes d’individualisation des d’apprentissages — et d’améliorer la performance de notre système de formation en donnant la possibilité aux enseignants, chercheurs et professionnels de l’éducation des institutions publiques et privées (Edtechs, associations), ensemble, d’innover et de proposer des services et ressources à forte valeur ajoutée.

Compte-tenu de l’importance primordiale de la donnée et de l’IA dans les dispositifs liés à l’éducation et à la formation tout au long de la vie, notamment au plan économique, le volet « Accélération » du PEPR est l’occasion de poser les contours d’un groupe de travail chargé d’identifier les modèles économiques éthiques et acceptables permettant aux Edtechs et à la communauté du libre de valoriser leurs actions.

La troisième mission de Candyce est de soutenir la souveraineté académique et technologique, en investissant dans une technologie clé (Jupyter), un commun en pleine expansion[1] au service de toute la société — recherche, industrie, société civile, citoyennes et citoyens — pour en orienter les évolutions et la gouvernance, et plus généralement pour soutenir l’écosystème du logiciel scientifique libre.

Ambitions#

Réaliser ces missions en portant des valeurs exigeantes :

  • Éthique, souveraineté, ouverture et inclusivité (voir ci-dessous)

  • Mixité et diversité des équipes impliquées à tous les niveaux du programme, autant que possible

  • Sobriété numérique afin de s’inscrire pleinement dans la transition écologique. Il est indispensable qu’un projet d’une telle ampleur maîtrise dès son lancement son impact environnemental, à la fois en interne (impact du déploiement de la plateforme) et en externe (par exemple permettre l’usage de matériel utilisateur ancien pour lutter contre l’obsolescence programmée). Cette frugalité en ressources (permettant son usage sur du matériel ancien, ou avec réseau intermittent) combinée avec la simplicité de déploiement sur le terrain « zéro installation » sera aussi un levier pour réduire la fracture numérique.

  • Interopérabilité et agnosticisme technologique pour assurer la polyvalence de l’infrastructure cible et maximiser l’autonomie de ses utilisateurs : par exemple, les équipes pédagogiques doivent pouvoir choisir les logiciels et ressources utilisées en fonctions de leurs objectifs pédagogiques (et, le cas échéant, du cadrage institutionnel) et non de contraintes imposées par l’infrastructure.

  • Science Ouverte : Candyce s’inscrit dans le mouvement pour la Science Ouverte, promouvant notamment l’utilisation, la création et le partage de logiciels et de ressources pédagogiques libres. Et pour commencer, les productions financées dans le cadre de Candyce, logiciels, ressources pédagogiques, publications, etc, seront mises à disposition sous licence libre. Plus généralement Candyce promeut une science pluridisciplinaire, coopérative, ouverte à tous les acteurs et multi-échelles.

  • Gouvernance participative : qu’il s’agisse du déploiement dans le secondaire ou le supérieur, la réussite du projet Candyce reposera sur la co-conception et la co-construction, avec un déploiement agile et itératif et une implication forte des utilisateurs à tous les stades de la conception à la réalisation. Il sera ainsi crucial de construire une communauté d’utilisateurs et d’acteurs pionniers, qui deviendront partie prenante de la construction de Candyce.

Concilier éthique, protection et valorisation des traces d’apprentissage :

L’objectif des porteurs du projet est de dépasser les exigences communautaires légales (RGPD), avec une gouvernance adaptée, éthique et pédagogique, pour considérer les enjeux de protection de la vie privée et d’acculturation des utilisateurs, ainsi que les enjeux de valorisation de la donnée, en les conciliant avec les usages légitimes en termes de recherche scientifiques (open science), ou d’exploitation en vue de développement de nouveaux services (open data).

Le consortium pourra s’appuyer notamment sur le Comité d’éthique pour les données d’éducation du Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) et/ou le Comité opérationnel d’évaluation des risques légaux et éthiques d’Inria, les Administratrice et Administrateur ministériels de la donnée, des algorithmes et du code du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et du MENJS.

Maîtriser l’impact environnemental :

Dès le lancement du projet, une sensibilisation aux impacts environnementaux du numérique sera organisée pour l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre.

La conception et le développement de l’infrastructure Candyce suivra les bonnes pratiques du référentiel général d’écoconception de la DINUM. Un audit sur le respect de ces bonnes pratiques sera établi et le rapport d’audit sera communiqué comme livrable à l’issue du déploiement.

Dès la mise en production de l’infrastructure, des sondes de métrologie seront mises en place pour suivre la consommation électrique de cette dernière. Des alertes seront associées pour mettre en œuvre des actions suite à une évolution de cette consommation (pic de trafic, mise à jour plus frugale de l’infrastructure, etc.). Des campagnes de mesure de la consommation de ressources sur terminal (énergétiques, CPU, RAM, temps d’exécutions) seront également mise en œuvre, et serviront à valider que les outils mis en place sont utilisables sur du matériel ancien, avec des faibles débits de connexion, dans un esprit de sobriété. Ces indicateurs seront rendus publics sur les supports de communication du PEPR.

Porter des innovations technologiques ambitieuses pour permettre notamment la réalisation des objectifs techniques suivants:

  • l’accessibilité,

  • la collaboration temps réel,

  • des environnements logiciels configurables,

  • la gestion des devoirs,

  • le passage à la très grande échelle.

Défis scientifiques#

L’observatoire des usages de Candyce permet d’offrir à la communauté scientifique une opportunité exceptionnelle par la diversité des contextes éducatifs observés, la multiplicité des disciplines enseignées, la variété des données collectées (données d’usage, données d’interactions, traces d’apprentissage, données de performance, données de profil, …) ; il permet d’observer, modéliser, analyser et donc mieux comprendre l’apprentissage en situation réelle. En effet, l’analytique de l’apprentissage se situe à la convergence de l’apprentissage (par exemple, recherche en sciences de l’éducation et de la formation, sciences de l’apprentissage et de l’évaluation, technologie éducative / EIAH), de l’analyse (par exemple, informatique, visualisation, statistiques, science des données, fouille de données, intelligence artificielle) et de la conception centrée sur l’humain (par exemple, utilisabilité, conception participative, ergonomie). La collecte, l’analyse, la représentation et la modélisation de données éducatives constituent un domaine de recherche pluridisciplinaire et dynamique, comme en témoignent notamment les conférences annuelles LAK (Learning Analytics and Knowledge) et EDM (Educational Data Mining).

Un défi, liant conception pédagogique et analytique de l’apprentissage, est de déterminer parmi les données collectées quelles données sont significatives dans un contexte spécifique et de les interpréter de manière pertinente sans information complémentaire sur la conception pédagogique (intentions pédagogiques, activités, scénarios).

Les recherches menées permettront notamment de fournir des retours informés (fondés sur la preuve) sur les scenarii pédagogiques ou les activités d’apprentissage mis en œuvre. Il s’agit par exemple de concevoir des algorithmes de fouille de données séquentielles et hétérogènes capables d’exploiter et modéliser les données de Candyce.

Grâce à l’interopérabilité des données et à l’interaction avec le WP 2 « Données », il sera possible de considérer d’autres sources et d’autres types de données (données académiques, données physiologiques riches, données statistiques par exemple) et de s’attaquer aux verrous actuels liés à la fouille de données multi-sources, de temporalité, granularité et représentativité différentes.

Fournir des explications et de la transparence — en exposant le raisonnement et les données exploitées justifiant un diagnostic, une recommandation ou une décision — est un défi pour les approches utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique. En effet, un enjeu de l’utilisation et de la généralisation d’outils d’analytique de l’apprentissage se situe au niveau de la compréhension des méthodes et des algorithmes utilisés (Intelligence Artificielle explicable) ; l’environnement proposé par Candyce permettra de s’attaquer à cette question et de mobiliser une communauté d’enseignants et d’apprenants pour en évaluer l’impact.

La recherche sur les environnements d’apprentissage adaptatifs considère des données relatives aux apprenants, obtenues par un processus de modélisation à partir de traces, afin d’adapter dynamiquement les activités, les ressources, les parcours proposés, ou l’interface. Les données Candyce permettront d’alimenter ce courant de recherche en sciences de l’apprentissage avec des données et d’expérimenter les approches et les outils conçus en situation réelle.

La question du développement durable soulève également dans ce domaine des interrogations sur la soutenabilité d’une généralisation de l’analyse de l’apprentissage et de ses outils.  Il s’agira à la fois d’estimer les quantités de ressources (matérielles, énergétiques, etc.) nécessaires au fonctionnement de tels dispositifs, au stockage et aux traitements des données, et de déterminer les impacts écologiques prévisibles.

Les défis scientifiques que Candyce va permettre d’aborder sont nombreux et divers ; ils vont bien au-delà des exemples mentionnés ci-dessus, puisqu’ils concernent aussi bien la sécurisation des données, l’intelligence artificielle en périphérie, la détermination de l’impact d’une pandémie en éducation, la qualification des corpus de données et la détermination de biais,  la personnalisation des apprentissages, etc. De plus, un défi scientifique majeur concerne l’étude de l’acceptabilité de Candyce, et plus généralement du numérique scientifique, et l’évaluation de leur impact sur l’apprentissage et la formation. Le conseil scientifique et éthique aura notamment pour mission d’impliquer une communauté scientifique pluridisciplinaire le plus large possible pour favoriser et accompagner des recherches sur des thèmes divers exploitant la richesse de l’environnement Candyce et des données collectées.

I- Pourquoi une infrastructure libre et souveraine ?#

Dans le cadre de Candyce, le choix d’une infrastructure libre et souveraine a pour objectif :

  • de garantir :

    • La durée dans le temps de la plateforme et son indépendance ;

    • La transparence des actions engagées et des solutions logicielles utilisées ;

    • La confiance dans une infrastructure libre et souveraine ;

    • La création de « communs » pérennes susceptibles de porter l’action continue des services publics comme des Edtech ;

    • La maîtrise des données générées par cette infrastructure, sur les plans juridiques et éthiques, et à finalités scientifiques, pédagogiques ou de pilotage.

  • de faciliter :

    • l’adhésion des différentes communautés éducatives en leur permettant de participer à la création et à l’amélioration continue de l’outil ;

    • les interactions entre secteur public et secteur privé.

  • et enfin de créer une dynamique entre les acteurs de l’écosystème (enseignants, apprenants, établissements, entreprises) agile et vertueuse.

Le choix d’une infrastructure libre et souveraine se pense également en réponse au besoin de fédération à l’échelle européenne pour proposer des infrastructures souveraines fortes dans le domaine de l’éducation et de la formation tout au long de la vie. Candyce est à envisager dès le lancement comme socle pour une future infrastructure européenne, s’appuyant sur le savoir-faire européen pour le développement de logiciel libre, l’hébergement et l’opération d’infrastructure Cloud, offrant une alternative viable, innovante et souveraine aux services déjà existants des GAFAM et BATX comme « Colaboratory » de Google ou encore « SageMaker » d’Amazon. Elle est indispensable pour conserver la maîtrise de notre capacité formative au moment où les hyperscalaires du numérique tentent de s’accaparer le secteur.

Le soutien que le programme va apporter à la communauté européenne et internationale des développeurs de Jupyter permettra de peser face aux menaces d’appropriation de la technologie Jupyter par ces grands groupes à grands coups d’extensions propriétaires, afin de rendre captives les communautés d’utilisateurs de leurs services reproduisant des schémas à la « Android »[2].

Cette initiative française est à articuler avec les différents programmes européens comme « Horizon Europe 2021-2027 » et « Digital Europe », en lien avec les préconisations de l’espace de données souverain européen pour l’éducation et les compétences (DASES) porté dans le cadre du Data Space « éducation et compétences » de GAIA-X.

En résumé, une infrastructure libre et souveraine donne les conditions nécessaires pour être en maîtrise des services suivants :

  • héberger et mettre en œuvre des outils aujourd’hui indispensables à l’enseignement par et aux sciences du numériques, fiables, sécurisés et souverains,

  • intégrer ces outils aux écosystèmes (LMS, ENT) des établissements d’enseignement,

  • fournir un environnement unique pour l’apprenant qui soit frugal en ressources (par exemple permettant l’usage en local sur un ordinateur ou une tablette avec une connexion intermittente),

  • faciliter les activités de recherche, d’exploration de données, de mise en œuvre d’algorithmes et de visualisation de leurs résultats,

  • simplifier le partage de ces activités et la reproductibilité des résultats,

  • faciliter la création de documents pédagogiques interactifs et notamment d’exercices à correction semi-automatique,

  • assurer le partage, l’indexation et la recherche de ces ressources pédagogiques,

  • assurer la portabilité des données d’apprentissage, l’apprenant pouvant ainsi réutiliser le contenu en question plus tard dans son parcours,

  • simplifier l’accès aux données ouvertes et favoriser leur utilisation dans un contexte pédagogique,

  • proposer aux établissements d’enseignement un équipement et des ressources favorisant la manipulation d’objets virtuels pour l’apprentissage des sciences (Rapport Villani - Torossian : 21 mesures pour l’apprentissage des mathématiques).

II- Qu’apporte Candyce à l’enseignement ? Pourquoi Jupyter ?#

Nous détaillons en Annexe II l’apport pédagogique des carnets numériques (notebook ; voir Encart 1) et plus généralement de la mise à disposition des logiciels scientifiques libres par une infrastructure comme Candyce, via des environnements collaboratifs dédiés :

  • permettre la construction d’un parcours pédagogique numérique, pendant et hors de la classe ;

  • permettre la collaboration entre enseignants, et avec la communauté éducative ;

  • rendre disponible et permettre la valorisation des données d’usage.

Le programme Candyce est rendu possible par la maturité des écosystèmes du logiciel scientifique libre, et notamment de Jupyter, un « écosystème de logiciels libres, de standards ouverts et de services pour le calcul interactif » dont l’application phare est le carnet numérique Jupyter.

Dans la section Écosystème Jupyter, nous faisons un bref état de l’art de cet écosystème dont la maturité et la prééminence dans son segment sont attestées par son adoption massive dans le monde de l’industrie, de la recherche et de l’enseignement, à l’international comme en France. Un point clé de ce succès est l’accent mis sur l’interopérabilité. C’est l’un des principaux leviers permettant à Candyce d’être très largement technologiquement agnostique, laissant par là une grande liberté dans les choix pédagogiques, par exemple en terme de langages ou de systèmes de calcul (Python, Julia, C++, R, SageMath et des dizaines d’autres).

Encart 1 Qu’est-ce qu’un carnet numérique (notebook) ?

Un carnet numérique (ou carnet pour faire court) est un outil polyvalent, permettant de combiner narration, interaction, calcul et programmation dans un même document. Il est composé d’alternances entre texte enrichi (contenant des explications, des exemples, des formules mathématiques, du contenu multimédia) et des cellules de code, pouvant être exécutées avec visualisation du résultat directement dans le corps du carnet. Ces cellules de codes peuvent être utilisées comme interface de programmation dans le cadre d’un cours de programmation ou d’exploration de données, ou comme moyen de générer un contenu venant soutenir le propos pédagogique, dans n’importe quelle discipline. Ce contenu peut être soit un simple fichier multimédia (vidéo, image, son), soit un objet plus complexe : exercice interactif, modélisation 3D, mini application interactive, etc. Chaque fois que cela est pertinent, le code peut être caché. Par ailleurs le carnet peut être utilisé soit comme un support de cours par l’enseignant (diapos projetées en classe, ou bien disponible à la lecture par l’apprenant avant ou après la classe), soit comme un espace de travail dont chaque élève dispose de sa version.

III- Articulation avec les plateformes existantes, notamment Capytale#

Concernant le secondaire, Candyce s’appuie sur la plateforme Capytale, actuellement opérée par l’Académie de Paris et déployée dans 25 académies, en réponse aux besoins de terrain d’une communauté qui, en un an, a atteint 150 000 utilisateurs ; corps enseignant et apprenant⸱es. Capytale est également basée sur la technologie Jupyter, et est principalement dédiée à l’apprentissage du code au Lycée. Afin de mutualiser les ressources, le programme vise à opérer une convergence entre l’infrastructure cible Candyce et celle de Capytale. Cette convergence est rendue possible par le fait que ces infrastructures partagent déjà les mêmes bases technologiques.

Cependant Capytale n’est pas simplement une infrastructure, c’est une plateforme qui délivre des services avec une équipe, une communauté, des contenus utilisateurs (des centaines de milliers d’activités), une bibliothèque commune contenant des centaines de ressources éducatives libres, et une marque. Un enjeu majeur pour la convergence est d’assurer la continuité — notamment en termes d’expérience utilisateur — afin de capitaliser sur ces atouts essentiels.

En attendant que Candyce propose une infrastructure opérationnelle à l’échelle du territoire national, Capytale continue d’évoluer comme un projet à la gouvernance autonome, en coordination étroite avec Candyce afin de construire une interopérabilité croissante en visant à terme une infrastructure unique supportant plusieurs plateformes dédiées, dont l’une nommée Capytale pour le scolaire. L’intégration dans Capytale de briques technologiques utilisées et développées pour Candyce, permettra aux utilisateurs actuels de bénéficier dès le début des avancées de Candyce.

Là où Candyce bénéficiera de la pré-existence de Capytale au niveau lycée, il conviendra de procéder de manière incrémentale pour le déploiement au niveau collège (voire primaire), avec une première phase reposant sur des utilisateurs et établissements tests.

De manière similaire, certains établissements d’enseignement supérieur disposent déjà d’un déploiement de Jupyter (CNAM, École Polytechnique, Université de Grenoble Alpes, Université Paris-Saclay, etc.) et le programme Candyce visera à une convergence ou interopérabilité avec ces différentes infrastructures.

[1] Voir les témoignages en annexe illustrant sa forte adoption dans les grandes institutions et grands groupes.

[2] Android est à la base un système d’exploitation open source développé par une société éponyme fondée en 2003 sur la base d’un noyau Linux. La société a été rachetée par Google en 2005. Les versions successives sont toujours sous licence libre mais en pratique sous maîtrise Google (voir par exemple la façon dont Huawei a dû annuler la distribution de ses smartphones tournant dans l’environnement Android suite à une décision du gouvernement des États-Unis).

[3] depuis les questions de sécurité, de protection des données, d’accessibilité, interface jusqu’aux développement des conditions pour un numérique frugal etc.